Bien plus intelligente qu'on ne le pense, Sara savait exactement pourquoi elle était ici. Ce n'était pas uniquement par bonté de cœur qu'elle avait décidé d'entrer à Gidae en tant que bénévole. Mais c'est avec bonté de cœur qu'elle a décidé d'y rester. Son but principal, depuis un an qu'elle était à Séoul, était de retrouver son frère. Après des recherches poussées, elle a découvert qu'il était interné au centre depuis deux ans déjà. Alors tout ce qu'elle voulait, c'était le revoir pour découvrir ce qui s'était passé mais surtout pour le serrer dans ses bras. Après cinq ans, c'est tout ce qu'il y a de plus normal entre un frère et une soeur aussi proches que ces deux-là. Aujourd'hui, c'était autre chose. Non pas qu'elle ait oublier la mission qu'elle s'était donné, mais même si c'est difficile à croire, elle a lié certains liens d'amitié avec les résidents de Gidae. Sociale comme elle est, ce n'était pas une chose très difficile. Et puis, il faut dire qu'elle a tendance à idéaliser les gens, pensant que la raison de leur séjour ici n'est pas si grave que ça. Évidemment, elle se trompe mais elle n'a jamais cherché à prouver ce qu'elle disait. C'est peut-être aussi parce qu'elle ne fréquente pas les plus dangereux des résidents. Quoi qu'il en soit, elle se plait tellement ici, qu'elle y passe pratiquement tout son temps. Et si elle n'est pas ici, c'est qu'elle est au travail. Si ça continue, elle va finir par connaître tout le monde et là, elle va tomber des nus quand elle apprendra ce que certains détenus ont pu faire.

Comme à son habitude, la jeune femme aimait bien trainer dans les couloirs du centre. C'était comme ça qu'elle avait fait la connaissance de plusieurs de ses amis. Il faut dire aussi que ça se faisait automatiquement. Elle ne se dit jamais "tiens je vais trainer dans les couloirs maintenant" . En fait, je ne sais même pas si elle se rend compte de ce qu'elle fait. Bien souvent, on a l'impression qu'elle n'est pas maître de ses actes, et qu'elle se laisse juste aller là où ses pieds la mène. Il faut avouer que c'est assez bizarre. Mais quand on voit toute la violence sur terre, est-ce qu'il n'est pas mieux d'être comme Sara; rêver les yeux ouverts à longueur de journée et se dire que tout ira toujours bien ? Sans doute. Tout dépendra de votre point de vue. En tout cas, son comportement lui vaut des fois d'être considérée comme une résidente de Gidae. C'est d'ailleurs ce que pense DongChul, une jeune homme qu'elle a plusieurs fois croisé dans les couloirs sans lui adresser le moindre intérêt jusqu'au jour où elle lui a foncé dessus. Depuis, une amitié naissante les lie et Sara est toujours heureuse de voir ce petit bout de mec déjà marié lui rendre visite. En revanche, elle ne se doute pas une seule seconde de ce qu'il pense d'elle. En même temps, si on ne lui dit pas les choses à celle-là, elle ne se rend compte de rien. Et pour elle, c'est mieux comme ça. Elle préfère ne pas savoir quand une personne la déteste. Mais là n'est pas la question, puisque le jeune homme l'aime bien. Il pense juste qu'elle est folle. Mettez-vous à sa place aussi. Imaginez que vous croisez une jeune fille à chaque fois que vous venez dans un centre qui grouille de délinquants et de personnes pas très nets. Qui plus est, cette demoiselle ne fait qu'errer dans les couloirs, le regard perdu dans on ne sait quelle dimension, les bras pendants dans le vide quand tout à coup, elle change de direction pour recommencer. Vous vous direz sans doute la même que ce fameux DongChul, pas vrai ? Et si cette dernière vous affirmez ensuite qu'elle était ici pour aider les délinquants en tant que bénévole, vous ne la croirez sans doute pas, n'est-ce pas ? Et pourtant c'est bien le cas.

Et cette bénévole avait décidé d'aller boire un café après plusieurs visites agrémentées de longues discussions. Enfin, c'était plutôt ses pieds qui l'avaient amené près de la machine à café. Et c'est seulement quand elle vit l'endroit où elle se trouvait qu'elle se dit qu'elle boirait bien un truc chaud. Cherchant dans sa poche, elle trouva des pièces qu'elle avait du oublier quelques jours auparavant et les mit dans la fente de la machine pourvue à cet effet. Maintenant, le tout était de savoir ce qu'elle allait prendre. Pendant qu'elle réfléchissait, elle ne s'était même pas rendu compte que le DongChul dont on parlait tout à l'heure était en train de s'approcher d'elle. Vu son allure, il voulait lui faire une surprise. Mais il aurait très bien pu imiter un éléphant qu'elle ne l'aurait même pas remarqué. Vous savez, quand elle est perdue dans ses pensées.... Le jeune homme mit donc ses mains devant les yeux de la jeune fille sans grand mal avant de lui demander : « C’est quiii ? ». Elle fut résigner à reprendre son débat mental à plus tard. Mais elle l'oublia bien vite puisqu'elle avait reconnu le jeune homme. En même temps, il n'y avait que lui pour faire ce genre de chose. Elle se retourna en lui disant : « Oh, DongChul ! Je suis contente de te voir ! ». Elle le salua comme il se doit. Ça faisait combien de temps qu'ils ne s'étaient pas vus ? Un jour ? Oui, Dongie aussi passait son temps libre à Gidae alors ils se voyaient presque tout les jours. Pour elle, c'était toujours un réel plaisir de le voir puisqu'il n'était pas de Gidae. Et ça faisait du bien de parler à quelqu'un qui venait de l'extérieure. Elle lui sourit avant de continuer sur sa lancer : « Nan mais en fait je t'ai reconnu grâce à tes mains. ». Oui, oui c'est bien Sara. Faut pas s'étonner qu'on la prenne pour une folle après ce genre de phrase. « Alors, comment va ta femme ? ». La jeune femme avait appris qu'il était marié à une résidente le jour où elle lui était rentrée dedans. Elle avait eu la maladresse de lui demander s'il était nouveau au centre. Pendant qu'elle attendait la réponse, elle appuya sur un des boutons de la machine sans prendre la peine d'y jeter un oeil.