La journée avait été longue, la nuit aussi d'ailleurs, ces quelques heures de sommeil, je ne les ai décidément pas volé. Ayant passer ma nuit à préparer les emplois du temps des filles, j'avais fait une apparition au petit déjeuner du matin, grignotant un peu histoire de me coucher le ventre plein. Mon lit ... Je ne l'avais jamais autant aimé je crois, surtout que pour une fois j'étais seul. Dormir en travers, tirer la couverture, ronfler, il n'y avait personne pour me le reprocher et j'en étais bien heureux. Un petit cachet et me voilà parti pour le pays des songes.

Mettre le réveil, voilà ce que j'avais oublié, ça m'était apparu comme une évidence après que, huit heures plus tard, je me sois levé comme une fleur, enfin reposé. Sans traîner, je me lève, j'ai la tête qui tourne mais j'enfile mes vêtements sans perdre de temps, un coup de peigne donné à l'aveuglette, mes chaussures et me voilà fin prêt à entamer une nouvelle journée de boulot, la tête dans le cul certes, mais prêt.

Je descend dans le salon, fais ma petite ronde habituelle, cherchant Eve : sûrement avec un client. Tant pis, j’attrape la première venue, lui demande de me faire un récapitulatif rapide de la journée et me rend dans mon bureau, histoire de régler quelques détails mais ...

Les jambes croisées, sur mon fauteuil en cuir, Eve dans toute sa splendeur. Visiblement trop occupée pour daigner lever les yeux vers moi. Ma main frappe le bureau, je signale ainsi ma présence et c'est d'un naturel presque déconcertant qu'elle me lance :

" - Tiens, t'es là ~ ? T'as envie de m'aider c'est ça ?
- Qu'est ce que tu fais ? "

Je m'avance un peu pour mieux voir, constatant avec effroi qu'elle est en train de toucher aux plannings. " N'y touche pas. " D'un geste sec, un peu violent même, je lui arrache le papier des mains, le remettant où il doit être c'est à dire dans mon armoire. " Je ne vois pas en quoi tu te permets d'entrer dans mon bureau, toucher à mes papiers pour modifier les plannings, sans ma permission. " Mon ton n'a rien d'amical, je suis sur les nerfs oui et si elle a le malheur de me répondre, je me ferais un plaisir d'engager une dispute, histoire de calmer mes nerfs sur quelqu'un.

" N'y touche pas " C'est certainement une phrase trop compliqué pour elle, car aussitôt les papiers rangés à leur place, je la vois me contourner pour les récupérer et continuer ce qu'elle avait commencé. " Nous sommes censés partager ce bureau. Et j'avais besoin de modifier le planning ! Si le club tourne rond, c'est aussi grâce à moi. Alors, baisse d'une décibel Joon. " Sans dire un mot, je la laisse faire, me défier, la fixant simplement, voyant jusqu'où elle va pousser le vice. " La prochaine fois, ne fais pas ça sans moi " Mes yeux s'assombrissent un peu plus, j'ai l'impression que mes dents vont casser à force de crisper ma mâchoire, elle a le don de me rendre incontrôlable, violent même.

Sans aucune douceur, je me saisis de son poignet et vient la plaquer brusquement contre le mur. Une pulsion presque irrépressible m'envahit mais je m'efforce de la réfréner. L'embrasser, la prendre contre ce mur ... Y'a toujours eu une certaine tension sexuelle entre nous et chez moi, l'énervement ne fait qu'attiser ce désir, un désir de domination, tout simplement. Ma main libre attrape son menton, lui relevant le visage, comme pour lui montrer que je suis au dessus d'elle, autant physiquement que hiérarchiquement " J'ai passé la nuit à faire ces putains de plannings, à essayer de coller avec les exigences de chacune. Ça commence à me briser les burnes que tes filles changent et rechangent d'avis. Si elles veulent un emploi du temps modulable, elles ont qu'à aller tapiner sur le trottoir. " Mon ton est glacial et mon regard perçant ne s'est pas détourné une seule seconde de ses prunelles, je la fixe, m'assurant que le message est bien passé. " Alors dorénavant, pour les plannings, si au lieu de m'aider t'es occupée ailleurs à ouvrir les cuisses, ils resteront tels quels, compris ? "

La traitant comme elle me traite, ma main arrête sèchement son poignet. Aucune once de douceur dans mon geste, elle a gagné, je suis hors de moi. Mes dents se serrent davantage, les muscles de ma mâchoire se tendent, j'essaye de me contrôler pour ne pas l'insulter jusqu'à ne plus avoir de souffle. Je la déteste, je la déteste vraiment de me rappeler qui je suis. Je ne suis pas mon père en effet, et je ne fais pas les choses aussi bien que lui, j'essaye, mais pour elle s'est jamais suffisant. Je la fixe, je ne sais pas quoi dire, elle me rend complètement muet et incapable de répondre quelque chose d'assez fort pour la faire taire. Mais je n'abandonnerais pas cette guerre psychologique et si les mots me manquent, c'est sur un autre terrain que je la dominerais.

Subitement, je la pousse en arrière, la faisant rencontrer le mur avec un certain élan. Elle me connait, depuis le temps, et sait très bien que réveiller mes pulsions les plus violentes, ça peut être dangereux. Soit, elle a voulu jouer ? J'espère qu'elle est prête à perdre. Aussitôt son dos contre le mur, je me jette sur elle et agrippe ses cheveux avec poigne. Mes yeux ne cessent de fixer les siens, j'ai le souffle court, mon sang circule fort dans mes veines, mon regard s'assombrit encore plus.

Sans lui laisser une chance de répliquer et tenant toujours sa chevelure fermement, mon autre main s'occupe de lui baisser son pantalon et sous sous vêtement. Ces temps ci, elle joue un peu trop au chef, il est temps de lui montrer quel est son rôle ici. Je relâche alors ses cheveux et me colle contre elle, me glissant entre ses cuisses, la soulevant avec aisance et venant mordre son cou avec envie ...

" Tu vois Eve, elle est là ta place. "

Ce n'est pas sans fierté que je le martel sans honte de petits coups en pleine poitrine. Là où ça fait mal, là où ça lui fait mal. Un léger rictus décore le coin de mes lèvres, je ne peux le retenir. Je sais parfaitement que je dis juste. A tel point que Joon n'en pipe pas mots. Toujours dans son élan de violence, il arrête cette main qui se veut douce contre son visage. Il retire cette illusion de tendresse, dont j'use allègrement, afin de blesser de manière plus aigu, plus pointu. Nos regards ne se quittent pas, j'ai l'impression d'être avaler toute entière dans cette haine sans nom, qui me porte désormais. Mes lèvres s'entrouvrent légèrement, je désire l'achever rapidement. Mais sa riposte est bien plus rapide. Brusquement, mon dos est à nouveau projeter contre ce mur, j'en gémis, c'est douloureux... Qui plus est, je ne suis pas tout à fait remise de la nuit précédente, à me tordre de toutes les façons possible afin de satisfaire ce riche homme d'affaire. Mes doigts saisissent ses épaules, y enfonce sauvagement leurs ongles, tandis que mes cheveux s'emmêlent subitement entre ses doigts, ne se privant pas pour les tirer avec force. Mes yeux soutiennent son regard noir, sombre, je voudrais les lui arracher.

Ainsi dans ce même engrenage, sans comprendre la raison, mon pantalon se baisse, puis mon sous vêtement par la même façon. Il est si aisé pour lui de me soulever, que je sois son ainée ou non. Je voulais un homme ? Je l'ai. Face à moi, d'une force, d'une bestialité propre, d'une colère étonnante sans pour autant me surprendre. Je le connais si bien. Ses dents s'accrochent dans mon cou, serre la peau avec cette envie incompréhensible. Un nouveau gémissement de ma part perce, traverse cette tension pesante, prête à éclater. « Tu vois Eve, elle est là ta place. » ... Je bascule la tête en arrière, glisse lentement mes doigts dans ses cheveux, puis les tire à son tour, sans modérer ma bestialité. Mon pantalon, mon sous vêtement prône désormais sur mes chevilles et mon bassin, nu, s'écrase contre le sien ... Je hais cette sensation, qui tiraille mon corps. Entre l'envie de le battre et celle de capituler sur le champ.

- Tu me fais ... pitié.

Pourtant ... Une tâche humide se dessine lentement sur son pantalon en provenance de mon entrejambe. L'adrénaline me parcourt les veines subitement, me fait perdre le contrôle de ces réactions ... Je réussis à lui faire redresser le visage, je le regarde et mon état ne s'arrange pas. Un grognement passe entre mes lèvres.

- Je ne suis pas ta catin.

Sauvons les apparences.