Lacets noués, fermeture éclair remonté jusqu’au col du gilet, Keisuke embarqua son petit Haroro en hâte. Dire qu’ils étaient en retard aurait été une exagération inutile, disons plutôt qu’ils n’étaient pas en avance ; le petit garçon avait eu bien du mal à ouvrir ses yeux endormis et son manque d’énergie s’était répercuté sur les rituels matinaux. Pas de quoi se mettre la pression, Kei’ était par ailleurs très détendu, le trajet était un plaisir et son fils ensoleillé même les matinées pluvieuses ! Tout au fond de lui, le japonais souhaitait rencontrer la nouvelle nourrisse de Min Ah, une amie de classe proche de son bout de chou, et même si cette rencontre était peu probable ce matin-là, il l’espérait sincèrement.

A l’entrée de l’établissement destinée aux enfants, un attroupement de père célibataire se créa ; il s’agissait des amis de Keisuke, qui lui était d’une grande aide depuis son arrivée dans la sphère Coréenne. Tout les quatre se digèrent à l’intérieur du bâtiment, chahutant bruyamment des dernières frasques de leurs progénitures, blaguant gentiment, etc… Les enfants s’enfoncèrent au bout d’un couloir, au fond duquel se trouvait leur salle de classe. Les pères continuaient leur discussion, se préoccupant moindrement des présences les entourant. Kei’ fût surpris par l’approche discrète qu’entreprit la demoiselle. Un sursaut, un pas en arrière, puis il pivota automatiquement sa tête pour découvrir qu’il s’agissait de Natsumi, et bien qu’il aurait voulu la saluer, son regard se porta sur la tâche qu’elle pointait. « Ah… merci, Natsumi-san ! » Les autres géniteurs prirent un air sceptiques, s’attendant à tout moment à une remarque déplacée de la part de la jeune femme, prêts à rétorquer au besoin ! Beaucoup était au courant qu’elle avait tendance à s’en prendre gratuitement au pauvre Keisuke. Le japonais farfouilla énergiquement dans le sac, où se trouvait toutes les affaires nécessaires pour Haroro, afin d’en ressortir un mouchoir blanc et une bouteille d’eau. Dans l’espoir d’effacer en majorité la tâche, il mouilla légèrement le mouchoir. Une mère pressée passant par là, bouscula le jeune père dans son élan, laissant s’échapper l’eau sur le chemisier de la future avocate. Bouche grande ouverte, un soupir de surprise lui glissa d’entre les lèvres ! « Je suis désolé ! Je… tenez ! » Ne connaissant pas la manière adéquate pour répondre à cette situation, Keisuke resta stoïque, tendant machinalement le bout de papier mouillé à Natsumi. Tous les pères retinrent leurs souffles, s’attendant au raz-de-marée judiciaire.