Quand on se réveille en pleurant, la journée ne peut qu’être horrible, ratée, appelez cela comme vous le voulez. Se réveiller en pleurant ôte toute envie, toute foi, surtout quand on ignore la raison de ses pleurs. Perséphone se doute de la raison. Inconsciente dans son sommeil, son corps pleure son passé, passé dont elle ne se souvient plus. Elle est là, dans son lit, en position fœtale. Elle regarde ses mains, ses mains qui ne lui donnent aucune réponse. Il paraît qu’il vaut mieux pour elle de ne pas se souvenir de ce qui a été effacé. Que son cerveau s’est débarrassé de tout ce qui pouvait être nocif pour sa santé mentale. Santé mentale… Cette femme est plus perturbée que la moitié des habitants de cette ville. Elle a vécu l’impossible et pourtant. Le bip de son radio-réveil lui rappelle une nouvelle fois qu’elle a séché les cours ce matin. Que cela fait donc des heures qu’elle se tient ainsi, sans bouger, les larmes ayant séché sur ses joues. La brune ne veut pas sortir de son lit, elle ne répond pas à son portable non plus, enfin, pas tant que c’est la sonnerie attribuée à Shûji ou bien à Soo Hyun qui sonne. Il y a des fois, où elle se déteste. Où elle veut rentrer. Où la Corée la dégoûte. Tôkyô lui manque, Kyo aussi. Dans ces moments là, tout ce qu’elle a pu avoir lui manque. Tout… Ces voyages à l’autre bout du monde, les rencontres qu’elle a pu y faire… Ces coups d’un soir… Dites. Juste comme ça. L’amour c’est quoi ? Une vie dite normale, qu’et-ce cela ? Perséphone, tu déprimes. Une main passant sur ses tatouages, elle décide en fin de se lever. D’un pas las, elle se dirige vers la douche. Elle y a passé combien de temps ? Elle ne sait même plus. Sa colocataire n’est pas là. Elle le sait, c’est pourquoi personne ne l’a dérangé. Ça l’étonne même que Shûji n’aie pas débarqué comme un fou pour savoir ce qu’il se passait. Lui qui a le double des clés. Il est étrange ces derniers temps. Un peu comme le monde, quoi que non, le monde a toujours été étrange.

Son portable sonne encore une fois, sauf que la sonnerie indique que c’est le club qui l’appelle. Perséphone à moitié habillée décroche. Ah oui c’est vrai, elle a ce shooting aujourd’hui. Les photographes débarquent souvent au Host Club dernièrement, ils se sont peut-être dits qu’en y allant pour le travail, ils pourraient avoir des réductions, qui sait ? Mais soit, c’est elle qui doit poser, c’est elle qui doit être l’image du club cette fois. Alors…

Perséphone gare sa moto à l’arrière du club et y pénètre. On la salue, elle incline légèrement la tête uniquement. Direction les vestiaires, elle enfile ce qu’on a préparé pour elle. Sephie ne porte pas ces robes immondes à paillettes que les autres portent. Elle, elle porte des corsets, et des pantalons moulants. Elle, elle peut se permettre d’être la hostess provocante. Elle a tous les droits. Kyôdo attache ses cheveux, et les boucle, dégageant son cou, laissant voir ses tatouages. Elle change le piercing qu’elle a à la langue aussi. Elle sait que ça personne ne le verrait, mais, elle en a marre de cette boule en métal. Des chaussures à plateforme et talon vertigineux. Voilà, ceci fera l’affaire. Un maquillage prononcé au niveau des yeux. Elle alla boire un mojito au bar d’abord, et puis elle se dirigea vers la salle dans laquelle le photographe l’attendait.

Foutu photographe. Elle ne pouvait pas y croire, verre à la main, elle s’assit sur le canapé. Pourquoi ? Pourquoi ? Des photographes il y en avait des milliers, pourquoi LUI ? Pourquoi ici ? Malgré tout, le visage de Perséphone ne reflétait aucune émotion. Elle sirotait son verre, le regardant.
- Je vois… Que tu n'as... pas changé...