Une journée plutôt calme en perspective, avant la soirée qui m’attendait. J’avais besoin de me détendre, j’étais crispée d’avoir travaillé les soirées précédentes. Oh, je ne m’en plaignais pas, être désirée, c’était mon truc, j’aimais ça plus que tout autre chose, mais comme chacun, j’avais besoin de pauses. D’habitude, je passe mes journées et mes nuits au club, sortir en rue lorsqu’on est une femme, c’est pas ce qu’il y a de plus sûr. D’autant plus que s’habiller en mec pour ne pas se faire kidnappée, j’ai horreur de ça. Mais pour une fois, je comptais faire une exception dans le sens où j’allais sortir de mon antre. M’habillant d’une manière moins provocatrice que d’habitude, je m’élancerai de Séoul, avançant d’un pas rapide et assuré, le genre de démarche qui dit « tu regardes, mais tu touches pas ». Et s’ils touchaient quand même ? Tant pis. Je n’étais pas en mesure de me défendre, alors bon…
J’arrivai sans encombre au parc, me dirigeant vers un petit coin tranquille, à l’orée d’un bois artificiel. Je m’assis en lotus sur le gazon qui commençait à ternir, et sortis mon laptop de mon sac. Une demi-heure, puis une heure… je ne vis pas le temps passer, entre contacts avec divers amis et connaissances, et casse-têtes sur internet. Je ne sortis de ma concentration extrême que lorsque mon foulard se dénoua de mon coup pour jouer les voltigeurs jusqu’à rencontrer quelqu’un. Bon, foulard à 120$ quand même … je n’allais pas le laisser filer comme ça ! Déposant le PC à côté de moi, je me lançai à la poursuite du fuyard, avant de me retrouver nez-à-nez avec une femme. Un homme ? Une femme… non ! Un homme ! Bref, avec quelqu’un.
« Excusez-moi, c’est mon foulard… »
Et j’y tenais. Ou plutôt, je tenais au salaire que j’avais investit dans ce bout de tissus.