Un verre. Deux verre. Trois verres. Six. Dix. Vingts. Le nombres de clients que je servais aujourd'hui. Ce soir plutôt, où l'heure commençait à bien tourner. Allez, disons plus qu'une heure avant que je ne puisse retrouver mes appartement afin de pouvoir me reposer un peu. Parce que, mine de rien, s'était exténuant tout ce boulot mais je n'allais pas me plaindre, je me plaisais ici. J'étais dos au bar, à essuyer des verres qui venaient d'être lavé par mon collègue et je n'écoutais même pas les paroles des deux hommes au bar qui discutait avec entrain, déjà trois ou quatre verres dans le nez, les rendant guilleret. Mais ce fut un visage dans le reflet du miroir juste devant moi, qui attira toute mon attention et inlassablement, mes coups de torchon sur le cristal du verre devinrent assez maladroit. Et j'arrêtais tout, reposait le verre, jetais le torchon et me tournait pour voir en réalité Joon. Il avait pas l'air dans son état normal... si ? Non. Je contournais le bar, refermait mes doigts sur son bras et l'emmenait à l'écart. Ou du moins, près des escaliers qui menait à l'étage. « C'est quoi cet état ? Et parle pas si fort. Qu'est-ce qui t'arrive ? » Je m'approchais de son visage, humais son haleine mais n'y sentais aucune odeur d'alcool. Alors quoi ? Drogué ? Comment Song Joon pouvait se droguer ?

« Tu vas boire un coup, okay ? » Je l'appuyais contre la rambarde et disparaissais de sa vue pour revenir au bout de... quoi, dix secondes ? Avec un verre d'eau. Je le lui donnais et, par ailleurs, l'aidait à boire. Mais nous ne pouvions pas rester là, sous l'oeil avisé des clients, hein ? Alors je le trainais directement derrière l'escalier, sous la petite voute afin que nous soyons hors de vue. Je l'appuyais contre le mur et restais là, à attendre une quelconque explication de sa part quand à son état qui, oui, me surprenait grandement. Lui, toujours si sérieux, si inquiet de l'apparence.

Je fixais ses yeux. Ils étaient pas si dilatés que ça. Alors quoi ? Une drogue dont j'ignorais l'existence ? Je me reculais, prêt à retourner à mon boulot. Qu'il se débrouille, qu'est-ce que je pouvais faire pour lui ? Rien. C'est ce que je pensais. Mais à peine un pas engagé qu'il prononçait quelques mots me faisant tourner la tête par curiosité. Qu'est-ce qu'il foutait encore ? J'observais ses doigts détacher un à un les boutons de sa chemise. Je suivais du regard le vêtement qui, lentement, s'écartait pour laisser entrevoir son torse. Et... bon dieu, j'avais bien du mal à ne pas trembler. Je fantasmais sur lui depuis... quoi... 5 ans ? Je me mordais la langue, discrètement. Et mon calvaire ne s'arrêta pas là puisque sa chemise quitta totalement ses épaules. Mais je ne pouvais pas en voir plus, j'allais jusqu'à lui, tentait tant bien que mal de lui remonter le vêtement sur les épaules contre son gré. « Joon, arrête. Habilles-toi. Tss, on va te voir ! » ou plutôt ; épargne mes petits yeux qui aimerait en voir plus. Les crevettes ? Qu'est-ce que des crevettes font ici ? Et puis, il est allergique ? Alors pourquoi il en a mangé ? Je lui attrapais le poignet et le tirait derrière moi, le forçant à grimper les marches, manquant même de lui en faire rater une ou deux sous la pression que je lui infligeais. C'était pas ma faute, c'était juste le stress. J'évitais soigneusement de regarder derrière moi, derrière nous, mais je sentais plus ou moins certains regards sur ma nuque. Mon service, il était terminé au moins ? Peu importe, je l'emmenais aussi loin que je pouvais. Je poussais la porte de sa chambre et l'emmenais jusqu'à son lit pour le jeter complètement dessus. « Vaux mieux que tu dormes. Ton truc fera effet ici, c'est mieux qu'en bas. J'espère que t'auras une bonne excuse à donner, demain, à tout tes témoins. » Parce que, pour ma part, je comptais pas lui sauver la mise. Qu'il se débrouille. Je m'avançais jusqu'à lui, lui ôtait ses chaussures et balançais ses jambes sur le matelas, qu'il fasse le reste seul, je pourrais pas du tout le faire à sa place. Non, non, je ne devais surtout pas profiter de son état et puis même, j'avais pas envie point.

Forcément, j'aurais du me méfier un peu de mes paroles ou même mes actes. J'aurais du sagement resté derrière le bar à continuer d'essuyer mes verres et de céder aux clients leur boissons même s'ils étaient déjà tous atteint d'un état avancé d'ébriété. Non, à part ça, j'avais fait ce que je n'aurais jamais entreprit en temps normal : aider. Ouais, et ça m'apprendra à changer mes sales habitudes à m'occuper seulement de moi-même. Alors que je le jetais sur le lit, lui détachant ses chaussures pour rejeter ses jambes sur le matelas, des paroles me vinrent au ralentis. Comme si, à mon tour, j'avais avalé ses ficus cochonneries. " Key Su, dis le simplement si ... T'as envie de moi. Mais t'en fais pas, j'ai compris le message " Sans comprendre tout de suite, ou plutôt en essayant de ne pas comprendre, je n'avais pas mesurer combien j'étais à sa portée et une main entrava mon poignet pour me tirer, me faire perdre l'équilibre et me laisser me vautrer royalement sur le lit. Le matelas confortable et moelleux sembla m'envelopper et je me demandais comment on pouvait dormir dans autant de mou. Mes pensées se retrouvèrent obstruer par un rien. Ou plutôt pas un tout. Une main glissant dans mes cheveux, m'obligeant à me raidir. Quel était ce toucher dont j'ignorais jusque là la sensation ? Cette bouche venue épouser la forme de la mienne dans un touché totalement ignorant à ma personne. Je restais là, raide, crispé au plus haut point, mon souffle coupé sous la vision de ce visage pratiquement collé contre le mien.

Mes muscles me font mal d'être aussi tendus et j'ose à peine lever ma main pour l'applatir sur la tempe de mon accolyte et l'éjecté sur le côté, libérant mes lèvres et reprenant alors mon souffle dans une bruyante et sifflante inspiration comme si j'avais été plongé sous l'eau trop longtemps et qu'enfin je retrouvais mon oxygène. Je profitais de son effet, surement de surprise pour redresser mon buste, le dégager au reste et me relever précipitamment. Voyait-il combien je tremblais, là ? Combien ma maitrise de soi s'était envolée aussi rapidement face à son geste ? « T'es tombé sur la tête ou … ? » Et je pouvais presque encore sentir le goût de ses lèvres sur les miennes. Son corps chaud contre le mien. J'avais chaud. Très chaud. Je chassais ses pensées nébuleuses de mon esprit et tentait de le foudroyer du regard ce qui ressemblait plus à un air ahurit, incertain mais pas du tout colérique.

" Attends tu veux dire que t'as pas aimé ? " Je plissais les yeux, l'observant comme s'il venait de dire la pire ânerie du siècle si bien que je me demandais s'il fallait en rire ou l'ignorer. Je fis un peu les deux, je dois avouer. « Quoi ? Mais la question se pose pas. T'es idiot ou quoi ? » Ouais, il était idiot. Idiot d'avoir fait ça alors que j'en rêvais depuis quoi... 5 ans ? Plus ? Depuis toujours ? Je l'ignorais mais il l'avait fait et ça allait me poursuivre. Prenant mon courage à deux mains, je m'apprêtais à l'ignorer royalement par la suite, le laisser s'exciter seul ou bien le laisser dormir, c'était à sa guise. " J'crois que j'suis pas d'humeur de toute façon mais laisse moi te dire que t'as la réaction d'une pucelle qui vient de se faire voler son premier baiser ... C'est pas ton premier baiser, hein Key Su ? " C'est bien, qu'il ne soit pas d'humeur à le faire alors qu'est-ce que ça pouvait me... Qu'avait-il dit à la fin ? Mon regard se tourna vers lui. Comment me clouer le bec en moins de trois secondes, façon Joon... « Bien sur que non, tu crois qu'aucune filles ne m'a sauté dessus ? » Ho, bien sûr, j'avais bien eu affaire à quelques filles aussi rare soient-elles mais je n'avais jamais trouvé le courage de le faire... De sauter le pas... « Et tu n'es pas le premier mec à venir te frotter à moi. Je suis loin d'être la « pucelle » que tu crois. » Totalement risible parce que... j'étais bien la pucelle qu'il croyait. Je laissais échapper un rire crispé, m'appuyant contre le bord de sa commode. « Et puis en quoi ma vie sexuelle te regarde ? Et quand bien même je te dirais que tu as été mon premier baiser, tu ne t'en souviendrais même pas quand tu sera dégrisé.» Parce que je pensais réellement qu'il s'était drogué. Y'a pas de doutes vu son attitude. « C'est vrai, c'est con quand même. Joon, je suis puceau et tu t'en souviendra pas. » Je laissais entendre un rire amusé et franc cette fois. Je me décollais de la commode et glissais mes mains dans les poches de mon jean.